Sur place à Cormeilles, Cyril Gouty, Maître verrier, a dans un premier temps, présenté son entreprise, son savoir-faire et ses domaines d’activités. Puis, nous avons assisté « in vivo » à différentes phases de la restauration de nos vitraux. Il faut dire que seuls les deux vitraux les plus endommagés peuvent être restaurés pour le moment car ce travail délicat est très onéreux pour le budget de notre petite commune.
Une belle délégation de Saint-Pierre-Azif s’est rendue le jeudi 1er octobre 2020 à Cormeilles. Et c’était une agréable mission pour les amoureux de notre village : se documenter sur la restauration de 2 vitraux de notre Eglise, confiée aux bons soins de l’atelier du Maître Verrier Gouty.
Cyril Gouty et ses compagnons sont venus à l’église de Saint-Pierre-Azif dans un premier temps prendre des photos afin de constituer des archives, de référencer les pièces, et de déposer avec d’infinies précautions les vitraux prioritaires retenus comme en grand péril. Ils ont pu également déterminer partiellement l’origine de nos vitraux : un atelier de Reims et l’atelier d’Henri Mazuet, célèbre peintre verrier normand du XIXe siècle, originaire de Bayeux.
Certaines parties vitrées seraient plus anciennes et dateraient de la fin du 15e siècle.
Des vitraux fragilisés et usés
À l’atelier, ensuite, l’ensemble des pièces de nos puzzles vitrés est démonté, lavé et ausculté avec le plus grand soin. Le plomb qui tombe en miettes est facilement ôté des verres. Les vitraux sont étalés en ordre et référencés à plat dans de grands tiroirs, et les pièces commencent à être restaurées une à une. Les petites fissures, les éclats sont estompés, repeints avec d’infinies précautions grâce à des pigments spéciaux. Les décors manquants sont recréés et recuits afin d’être durcis et fixés sur le verre.
Il faut dire que sur certains vitraux de notre église, il manque très souvent des parties entières et parfois de très grandes surfaces, comme sur la planche où apparaît Saint-Martin. Le Saint n’a plus de genoux, de jambes, de pieds, et est en quasi lévitation dans un décor de verre blanc transparent qui a été ajouté pour parer au plus pressé. Il manque près de 70 x 50 cm du vitrail d’origine !
A l’atelier, Dimitri Cremer officie avec Monsieur Gouty comme Maître-verrier dessinateur et c’est bien là notre chance ! Il a réalisé une enquête poussée dans les archives de l’atelier, dans la littérature des Monuments Historiques et dans des productions connues de vitraux de l’époque. Dimitri a réussi à retrouver les cartons d’origine de Saint-Martin « amputé » de notre Eglise. Et ensuite, c’est bien entendu son savoir-faire et son immense talent qui lui permettent de dessiner et de peindre les parties manquantes « à la manière des artistes de l’époque » sans faire de faute de goût et être le plus fidèle aux intentions des concepteurs du 19e siècle.
Restauration des vitraux de l’église de Saint Pierre Azif
Cyril Gouty et son équipe ont en effet une base documentaire importante ; des cartons d’époque (avant d’être de verre, un vitrail est d’abord complètement dessiné sur carton) et un stock de verres anciens de toutes teintes et tailles. Et Cyril nous précise : « Je me déplace partout en France pour reprendre des fonds de verres anciens. Mais c’est de plus en plus difficile. A l’atelier, nous conservons le moindre petit morceau de verre inutilisé. Il nous servira un jour ! ».
Ainsi, les restaurations se font toujours sur des verres anciens très proches ou identiques en qualité et en couleur à ceux que nous avons sur nos vitraux originaux. Une fois toutes ces opérations de traitement du verre, il faut ensuite reformer l’ensemble au plomb.
Le plomb se présente sous forme de baguettes en forme de H couché. Les pièces de verre sont serties dans les plombs puis l’ensemble est maintenu définitivement grâce aux soudures réalisées à chaque intersection des plombs. Un masticage est ensuite appliqué pour la solidité et l’étanchéité de l’ouvrage. Les vitraux restaurés seront clinquants pendant 20 à 25 ans seulement. Le temps que l’éclat argenté du plomb neuf se corrode et s’estompe progressivement. Puis, malheureusement, l’usure fait son oeuvre. Au bout de 80 à 100 ans, le mastic et le plomb commencent à s’émietter et se fragiliser. La structure devient progressivement fragile, se gondole et s’affaisse sous son propre poids. Si rien n’est entrepris rapidement, le vitrail finira par se retrouver au sol en mille morceaux et sera perdu pour toujours ! Une nouvelle restauration sera nécessaire avant qu’il ne soit trop tard .
Pour le moment, notre Eglise a fière allure. Gros oeuvre, charpente, merrains, toiture, cloches… le sauvetage est terminé, néanmoins la restauration et la sauvegarde devront se poursuivre encore longtemps.
Le site de l’atelier Gouty
https://www.facebook.com/AtelierGoutyVitrauxdArt/